COVID-19 : La coopération de Nantes : un précieux soutien pour les acteurs locaux dans ce contexte de crise

06 avril 2020

COVID-19 : La coopération de Nantes : un précieux soutien pour les acteurs locaux dans ce contexte de crise

Alors que la crise sanitaire pousse plus que jamais les acteurs locaux à coopérer et à se soutenir pour pouvoir réagir rapidement et trouver des réponses à des situations et des besoins inédits, l’incertitude sur la durée du confinement fait déjà poindre de nouvelles questions et inquiétudes. Quel impact sur le moral et la santé des personnes âgées isolées, notamment celles qui n’ont pas accès aux outils permettant de rester en lien à distance ? Comment maintenir dans la durée l’effort exceptionnel de tous les acteurs engagés au quotidien, bénévoles et professionnels ? Et la perspective du déconfinement progressif nous invite à penser les moyens de capitaliser pour l’après-crise…

Entretien avec Sébastien JEHANNO, chargé de mission "Initiatives solidaires, Réseaux" à l'ORPAN, l’association des seniors nantais et Valérie BAHOLET, chargée de mission Prévention / Lutte contre l'isolement au CCAS de Nantes, co-animateurs de la coopération Nantaise MONALISA

Qui compose le tour de table des partenaires mobilisés à Nantes ?

Le travail de mise en réseau réalisé depuis un an et demi par l’ORPAN, l’association des seniors nantais, a permis le rassemblement de nombreux acteurs associatifs du territoire nantais, qui se coordonnent et se soutiennent pour répondre aux nouveaux besoins qui émergent chaque jour.

A la Ville, nous étions inquiets par rapport aux situations d’isolement et aux ressources disponibles pour aider les seniors nantais. Cela a été un véritable atout de pouvoir s’appuyer sur la mobilisation travaillée au préalable par l’ORPAN : nous avons pu rapidement réunir les acteurs et échanger autour des problématiques engendrées par la crise sanitaire actuelle.

Associations nationales (Petits Frères des Pauvres, Société Saint Vincent de Paul, Unicité, La Croix-Rouge), associations et acteurs locaux (Astrée, Interlude, le Centre Social Recherche et Rencontres, Ensemble c’est poss6ble, l’ORPAN, l’association des seniors nantais) et bien sûr le CCAS de la Ville de Nantes travaillent main dans la main pour toucher un maximum de personnes âgées isolées.

Qu’avez-vous mis en place ?

Nous avons commencé par nous réunir (virtuellement) chaque semaine pour présenter et suivre les actions de chacun, recenser les besoins des publics, réfléchir ensemble pour anticiper les urgences et les difficultés auxquelles on allait être amenés à faire face. L’objectif est que chacun puisse se focaliser sur ses actions propres tout en s’appuyant sur celles des autres.

Par exemple, en tant que CCAS, nous avions un enjeu de renforcement de notre service de portage de repas, pour lequel une tarification solidaire spécifique est proposée durant le confinement (+39% d’usagers avec la crise). Pour faire face aux difficultés liées aux courses, nous nous sommes appuyés sur le dispositif « Croix-Rouge chez nous » et, pour les demandes atypiques, sur l’ORPAN, en lien avec Nantes Entraide, plateforme de la ville de Nantes qui recense besoins en aide matérielle, propositions de volontariat… Pour le soutien psychologique, nous pouvons compter sur Solitud’écoute des Petits Frères des Pauvres, sur Astrée, sur le Centre Social Recherche et Rencontres… Il ne faut pas oublier non plus les aidants, qui font face à des difficultés supplémentaires liées au confinement, peuvent compter sur La Maison des Aidants.

Au niveau de l’ORPAN, la priorité a été de mettre en place une veille téléphonique en commençant par prendre des nouvelles des adhérents de plus de 80 ans, pour identifier les situations à risque mais aussi des solutions de voisinage. La seconde semaine, nous avons pu appeler les autres adhérents. Les situations les plus préoccupantes ont ainsi pu être identifiées très rapidement. Cette veille assurée par les partenaires Monalisa touche à ce jour environ 3500 Nantais isolés.

D’un point de vue pratique comment cela s’organise ?

Pour la veille téléphonique, lorsque c’était possible, nous avons privilégié des liens téléphoniques entre des bénévoles et des personnes âgées qui se connaissaient déjà car ils s’étaient rencontrés lors d’activités pendant l’année. Cela a facilité la prise de contact. Surtout, nous avons constitué des binômes de bénévoles, pour qu’ils puissent échanger sur les situations rencontrées et ce qu’ils vivent, qu’ils ne se sentent pas seuls.

Cette veille apporte des bénéfices importants car elle a permis de créer du lien avec des gens qui étaient dans nos réseaux mais que nous ne connaissions pas beaucoup, mais surtout elle a permis aux gens de se sentir écoutés et pris en compte dans cette période-là. Cette expérience nous laisse entrevoir de nouvelles missions à développer par la suite…

Le confinement a aussi fait apparaître des demandes atypiques, qui étaient hors champ des acteurs de la coopération, il a donc fallu s’adapter pour y répondre. Par exemple, une personne âgée dont le volet ne remontait plus, ce qui la laissait dans une obscurité angoissante… Pour le petit bricolage d’urgence, nous nous appuyons sur un partenariat avec un atelier d’insertion.

Pouvoir compter sur un réseau d’acteurs divers et complémentaires permet de se concentrer sur ses propres missions et d’y être plus efficaces. La complémentarité entre acteurs locaux et nationaux est aussi un atout précieux, notamment sur le volet soutien psychologique, où nous ne sommes pas tous outillés. Cela nous permet d’agir avec plus de sérénité dans nos actions respectives.

Comment envisagez-vous la poursuite de ce dispositif dans les jours à venir ?

La synergie collective qui s’est mise en place nous donne tous beaucoup d’énergie et de force pour continuer à répondre au maximum de besoins et essayer de limiter le risque de ne pas identifier toutes les personnes isolées. Même si on est bien conscients que nous n’arrivons pas à capter tout le monde.

Un enjeu, si le confinement se prolonge, va être de soutenir le moral des aînés isolés et de tous ceux qui agissent auprès d’eux. Il y a une vraie inquiétude pour certaines personnes, notamment celles qui n’ont pas accès à des outils numériques, sachant que les envois postaux sont considérablement réduits et que le téléphone est parfois le seul outil.

Cette crise a prouvé notre capacité à faire ensemble, nous allons donc continuer à développer notre cohésion. On peut dire qu’on est passé d’une logique de coordination à une logique de coopération. Et nos souhaits pour l’après-crise, qu’il faut aussi commencer à envisager, sont d’avoir des interventions mieux ciblées grâce aux apports de chacun, d’avoir un meilleur maillage du territoire et de poursuivre notre travail sur les invisibles !

Qui peut-on contacter si on souhaite en savoir plus sur votre initiative ?

Les co-animateurs : Sébastien JEHANNO (ORPAN) au 06 51 92 05 40 ou 02 40 99 26 05 – Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. , et Valérie BAHOLET (CCAS Nantes) au 06 20 66 22 46 ou 02 40 99 28 44 – Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.)

 

« Même si je ne suis pas là, tu peux compter sur moi »

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