Des villes contre l'isolement

Gil Avérous (maire de Châteauroux, coopération 36), Christophe Béchu (maire d’Angers, coopération 49), Sylvie Cassou-Schotte (maire-adjointe de Mérignac, coopération 33), Elisa Schajer (maire-adjointe de Châlons-en- Champagne, coopération 51) ont accepté de répondre à nos questions sur le rôle des citoyens dans la recréation du lien social et les effets d’une dynamique de coopération sur leur territoire.

« La dynamique de mobilisation donne des résultats »
Gil Avérous, maire de Châteauroux

« Le lancement national de MONALISA a suscité notre intérêt car il portait des préoccupations que nous avions au quotidien : l’engagement citoyen, la mise en convergence des acteurs de terrain, la prise de hauteur par rapport à l’enjeu crucial du vieillissement de la population sur un territoire. Ce réseau réunissait des partenaires associatifs et institutionnels dont la légitimité à nos yeux était forte, avec des valeurs que nous partagions et surtout ce sentiment d’urgence à agir avec la société civile.
Le CCAS de Châteauroux, qui est engagé dans la lutte contre l’isolement des personnes âgées depuis de nombreuses années, avec la mise en place de réseaux de solidarité, s’est appuyé sur la mobilisation nationale pour relayer cette priorité localement, en allant voir les acteurs concernés : bailleurs Hlm, Conseil départemental, centres socio-culturels, associations, services municipaux, établissements. Nous avons partagé des constats et valoriser les initiatives existantes, en particulier celles portées par des bénévoles. Le Collectif MONALISA a réuni pour son lancement 33 personnes, dont 14 partenaires.
La dynamique de mobilisation a produit ses effets sur notre territoire. Par exemple, l’équipe citoyenne « Allons – y ensemble » créée en janvier 2017 compte 32 bénévoles pour 114 personnes âgées isolées, et plus de 1 000 transports réalisés par an. La remise de diplômes d’engagement à des citoyens a aussi montré la générosité à l’œuvre à Châteauroux en direction des ainés. 180 bénévoles étaient présents. Je suis fier de voir les habitants si investis. Partager des réussites donne envie à d’autres de rejoindre cette mobilisation. »

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« La démarche MONALISA promeut une idée que je défends : chacun doit prendre sa place pour agir dans la société »
Christophe Béchu, maire d’Angers

Vous avez engagé la ville d’Angers dans la démarche MONALISA en 2015, avec la participation active du CCAS. Pourquoi ?
Christophe Béchu : La lutte contre l’isolement est un enjeu majeur pour notre société, donc pour notre ville, pour nos quartiers, pour nos institutions et pour nos habitants. En effet, il convient d’agir pour mettre en œuvre des réponses qui permettent aux populations de vivre dignement et ensemble. Faire de la solidarité un axe fort afin de « réparer » une société qui déresponsabilise et qui isole, c’est redonner une place pleine et entière aux citoyens, notamment les plus fragiles. Le CCAS est le bras armé des communes pour repérer, écouter, accompagner, entrainer, soutenir...
Quel bilan tirez-vous de cette démarche, à la fois des résultats sur le terrain mais aussi de la démarche elle-même ?
La démarche MONALISA est venue conforter les ambitions que je porte pour la ville d’Angers. Cette démarche, structurée et innovante dans son mode de gouvernance et dans sa façon de mettre en réseaux, promeut une idée que je défends, à savoir que chacun doit prendre sa place pour agir dans la société. Un exemple parmi d’autres : l’équipe citoyenne de la Roseraie, qui est remarquable à plusieurs titres. Premièrement, parce qu’elle est constituée aujourd’hui d’une quarantaine de personnes de la société civile, d’associations et d’institutions. Deuxièmement, parce qu’elle agit en proximité.
Troisièmement, parce qu’elle met en lien avec l’offre sur le quartier. Je prends un exemple concret : cette année, avec un lycée du quartier et un bailleur social, l’action « Petit déj’ en pied d’immeuble » a permis à plus de 80 personnes d’aller vers le centre social ou vers la résidence seniors.

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« Mutualiser les efforts pour atteindre les invisibles »
Sylvie Cassou-Schotte, maire adjointe de Mérignac déléguée à l’action sociale et solidaire.

En nous engageant dans cette mobilisation, nous avons voulu nous inscrire dans la durée en prenant le temps d’associer toutes les parties prenantes et en mobilisant les ressources nécessaires. Pour construire une vraie coopération, il était essentiel dans un premier temps de dépasser le cadre du CCAS et de travailler avec d’autres adhérents MONALISA du territoire.
Dans un deuxième temps, nous avons fait le choix de recruter une personne à plein temps pour animer notre coopération et coordonner les acteurs. L’engagement et l’action de notre coordinatrice, Myriam Boiroux, ont été déterminants dans le succès de la démarche. Elle sait être force de propositions et contribue efficacement à la concrétisation des initiatives citoyennes. Par exemple, une activité de transport solidaire qui permet d’atteindre les personnes les plus isolées qui fonctionne aujourd’hui avec une équipe de 12 personnes.
Aujourd’hui, les résultats sont là, notamment en matière de repérage. La coopération nous a permis de mutualiser nos ressources et nos efforts pour atteindre les invisibles. D’une part, le CCAS propose des services pour repérer les personnes en situation d’isolement. D’autre part, les structures qui animent les quartiers jouent également leur rôle pour identifier ceux qui ont besoin d’aide. Et les citoyens ont aussi le réflexe de nous alerter quand ils remarquent une personne isolée.

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L’engagement de proximité des bénévoles est essentiel
Elisa Schajer, adjointe au maire de Châlons-en-Champagne,chargée des affaires sociales, santé, solidarité, des personnes âgées et handicapées.

 Nous avons lancé la démarche MONALISA sur notre territoire en organisant des réunions publiques pour informer et mobiliser autour de l’isolement des personnes âgées. Notre site internet* diffuse régulièrement des informations vers l’ensemble des publics concernés. La ville de Châlons-en-Champagne participe  au comité de pilotage de la coopération car nous sommes convaincus qu’une démarche inter-partenariale et la mobilisation des bénévoles sont les bons moyens pour faire reculer l’isolement.
Face au vieillissement de la population, nous devons agir collectivement pour recréer du lien social. C’est notamment grâce aux bénévoles que l’on peut atteindre les personnes isolées invisibles : sans leur engagement de proximité, ces personnes risquent de rester en dehors des dispositifs d’aides.
La question de l’isolement est cruciale car les solidarités peuvent faire défaut. Nous devons réinventer quelque chose
pour remédier à cela. La future loi grand âge autonomie peut donner l’occasion de soutenir Monalisa en aidant à la formation, au recrutement et à la mobilisation des bénévoles.
* www.monalisa-marne.fr

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